Sur le mur de la maison sise au 19, avenue du Languedoc, on peut apercevoir un ancien panneau routier indiquant la direction de Seysses, fixé par quatre crochets à 2,95 mètres du sol. Il s’agit d’une plaque en fonte, de format rectangulaire horizontal, mesurant 37 cm de hauteur, 65 cm de largeur et 1 cm d’épaisseur. Le « Chemin de grande communication n° 6, de Nailloux à L’Isle-Jourdain », correspond de nos jours à la route départementale n° 12, formée dans la traversée de Saint-Lys par la « route de Muret » (allant vers Les Aujoulets, Seysses) et par l’« avenue de la famille Lécharpe » (vers Bonrepos-sur-Aussonnelle).
Lors de leur installation au XIXe siècle, ces plaques routières étaient officiellement dénommées « tableaux indicateurs ». Fixées sur les murs des maisons à 2,50 m-3,00 m du sol, elles devaient être visibles par les cavaliers et les cochers à une époque où les moyens de déplacement sur route étaient hippomobiles. Ces plaques étaient généralement réalisées avec de la fonte très riche en phosphore, ce qui améliore la fluidité et donc la « coulabilité ». Les moules étaient confectionnés avec du sable très fin pour obtenir le meilleur état de surface possible. Exemplaire unique, chaque plaque n’a été moulée qu’une seule fois : ce fut donc un important travail que d’en équiper les routes et chemins de France.
Par une circulaire en date du 15 avril 1835, le conseiller d’État chargé de l’administration des ponts et chaussées et des mines donnait aux préfets « des instructions pour le placement des poteaux indicateurs des routes » : il préconisait que ces derniers soient en fonte et que les écritures des plaques soient peintes en blanc sur fond bleu foncé. Cette mesure, essentiellement destinée aux routes royales et départementales, fut étendue aux chemins vicinaux par la loi du 21 mai 1836, mais elle ne fut que partiellement suivie d’effet puisqu’une nouvelle circulaire dut être envoyée aux préfets le 19 août 1859.
Le préfet de la Haute-Garonne dut alors convenir, devant le Conseil général, que le département connaissait un retard en la matière. Des fonds furent donc votés par le Conseil général durant la décennie suivante en vue d’équiper les voies de communication d’une signalétique adaptée, effort budgétaire qui prit fin suite à la défaite française de 1870-1871. Ce n’est qu’en 1884 que cette question revint à l’ordre du jour de l’assemblée départementale, à propos de l’arrondissement de Saint-Gaudens. En définitive, il fallut attendre la toute dernière décennie du XIXe siècle pour que les voies de communication de la Haute-Garonne soient véritablement équipées en poteaux et tableaux indicateurs. En 1892, notre département ne comptait que 48 panneaux et « 73 plaques indicatrices, également en fonte ». En 1893, un premier crédit de 4217 francs fut affecté à l’« Établissement de poteaux et tableaux indicateurs […] en commençant par les arrondissements de Toulouse et de Muret. La nécessité de ces indications se faisait sentir depuis longtemps, mais l’insuffisance des ressources n’avait pas jusqu’ici permis d’engager la dépense. La fourniture des poteaux et plaques a été donnée à la maison de fonderie de Brousseval (Haute-Marne), qui a consenti les meilleures conditions, au moyen d’un marché de gré à gré ». L’effort financier fut maintenu sur plusieurs années, en vue d’équiper progressivement tous les arrondissements : celui de Toulouse vit sa dotation en plaques et poteaux s’achever en 1893, ceux de Muret (dont Saint-Lys dépend) en 1896, de Villefranche-de-Lauragais en 1897, et enfin de Saint-Gaudens en 1899. Ainsi, dans le rapport qu’il présenta en 1900 aux conseillers généraux, le préfet put se féliciter en indiquant : « L’opération poursuivie dans le département depuis plusieurs années est terminée. »
Vue rapprochée de la plaque.
Vue générale de la maison (19, avenue du Languedoc) sur laquelle est fixée la plaque routière ancienne, au carrefour avec l’actuelle »rue du ruisseau Saint-Julien » (voie publique située sur l’emplacement de l’ancien lit du ruisseau éponyme, couvert dans sa partie amont en 1954).