Ancienne école privée des Sœurs pour les jeunes filles
Aux numéros 15-19 de la rue Louis de MARIN, à Saint-Lys, se trouve un bâtiment ayant abrité de 1847 à 1962 une école privée de jeunes filles. Cet établissement a longtemps été tenu par des religieuses, ce qui a parfois valu à cette maison d’être désignée sous le nom d’« ancien couvent ».
En 1844, Louis de MARIN, ancien émigré sous la Révolution et riche propriétaire du château de la Pescadoure, songea à instituer à Saint-Lys une école congréganiste pour les jeunes filles, à une époque où l’éducation de ces dernières n’était pas obligatoire. Il proposa à la congrégation des Filles de la Croix, dites Sœurs de Saint-André (dont la maison-mère était située à La Puye, département de la Vienne) de leur faire une « donation entre vifs et irrévocable », consistant en « une maison convenable et une rente perpétuelle de huit cent francs, à condition que trois […] Sœurs se chargeront, dans la dite paroisse, de l’éducation des jeunes filles et de la visite des pauvres malades. «
Après l’acceptation de principe par la congrégation religieuse, le Sous-préfet de Muret décida, par arrêté du 17 octobre 1844, qu’il serait procédé à une enquête « de commodo et incommodo » à propos de « l’établissement projeté ». Cette dernière ayant démontré l’adhésion des saint-lysiens à ce projet, le Conseil municipal délibéra favorablement le 10 novembre suivant.
Les 12 décembre 1845 et 16 février 1846, le Recteur de l’académie de Toulouse informa le maire de Saint-Lys qu’il autorisait les Sœurs à diriger une école privée dans la commune, puis qu’il autorisait les religieuses à y accueillir des pensionnaires.
Le 19 février 1848 enfin, le roi Louis-Philippe signa l’ordonnance autorisant définitivement l’ouverture de l’école des Sœurs à Saint-Lys (et ce, cinq jours seulement avant son abdication en raison de la Révolution de 1848).
À Saint-Lys, « comme la nouvelle école était gratuite, elle compta bientôt toutes les enfants en âge de la fréquenter. Les bonnes Sœurs n’eurent pas de peine à gagner la confiance de la population et leur établissement fut regardé comme un bienfait pour la commune et une bénédiction pour la paroisse. » L’école libre comptait 100 élèves en 1855.
Monsieur Louis de MARIN mourut le 25 janvier 1866, à l’âge de 99 ans. Le 5 août suivant, le Conseil municipal vota une délibération attribuant à la portion nord de la « rue de Débat », où se trouvait l’école des Sœurs, le nom de « rue Louis de MARIN » afin de perpétuer le souvenir de ce généreux bienfaiteur.
En 1887, les Sœurs reçurent un legs de 6.000,00 francs conformément aux dernières volontés de Mademoiselle Madeleine COUGOT, somme « destinée à la fondation d’un ouvroir dans le dit établissement. »
En 1904, l’école comptait cinq religieuses.
Néanmoins, « La loi de 1904 interdit l’enseignement aux congrégations, mais à Saint-Lys l’école libre ne peut être fermée faute de place suffisante à l’école publique de filles pour accueillir l’ensemble des élèves. La direction est alors confiée à une institutrice sécularisée, Madame ESPARCEIL. Les Sœurs de la Croix ne conservent que l’ouvroir où elles reçoivent les jeunes filles plusieurs fois par semaine.
C’est la loi de 1940 autorisant les congrégations enseignantes qui permet aux institutrices de reprendre l’habit religieux. Si cet établissement est essentiellement destiné à l’éducation des jeunes filles, il reçoit aussi les garçons jusqu’à l’âge de 6 ans.
L’école libre cesse définitivement ses activités en 1962. Madame ANDRIEU en est la dernière institutrice. » (Isabelle CAUBET).
« Établissement des Filles de la Croix, de Saint-Lys », plans du rez-de-chaussée et du premier étage de l’école, dressé par « Ramond, géomètre », le 24 janvier 1846.
Sur le toit de l’ancienne école, on peut encore voir un petit clocheton triangulaire en brique, percé d’une simple baie en plein cintre et surmonté d’une croix en pierre.
Vue actuelle du bâtiment ayant abrité l’école des Sœurs de 1847 à 1962, façade principale de l’édifice donnant sur la « rue Louis de Marin »
Le portail d’entrée de la cour de l’ancienne école, surmonté d’une jolie croix en fer forgée.